J12
Nous voici à l'étape incontournable d'un voyage au nord du Portugal, la vallée du Douro, le fleuve venu d'Espagne pour traverser le Portugal au sein d'une célèbre vallée, mondialement connue pour être le berceau du Porto et le siège de magnifiques paysages qui l'ont fait classer au patrimoine de l'Unesco.
Journée particulière pour nous qui avons voyagé jusqu'ici le long de la côte atlantique dans une fraicheur bienvenue : aujourd'hui est un jour de bascule vers la chaleur de l'été portugais puisqu'on passe de 13° au réveil à 32° dans l'après-midi !
C'est quand même un choc, et on accuse un peu le coup ce soir alors que la fraicheur commence à peine revenir au coucher du soleil...
L'exploration de la vallée du Douro se fait de deux manières : d'une part sur une partie du (très vaste) territoire, la route suit le fleuve sur une trentaine de kms, serpentant au milieu des collines re-dessinées par les vignes et les oliviers.
Région forcément touristique, on y propose aux touristes de parcourir le trajet en bateau, d'où cette ambiance insolite, presque norvégienne !
L'autre méthode est d'emprunter une des nombreuses petites routes qui serpentent à flanc de montagne pour prendre un peu de hauteur sur le fleuve
Et de belvédère en miradore, on est face au grand spectacle des arabesques dessinées dans la nature par la main humaine qui offrent aux reliefs une décoration dont la réputation n'est pas usurpée : c'est splendide.
Les petits villages blancs sont perchés à flanc de montagne
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Les Quintas, les exploitations vinicoles, sont innombrables, coeur battant de la région, puisque , on le rappelle, ce n'est que sur ce territoire bien délimité du haut Douro que la fabrication et l'appellation Porto sont autorisées et ce depuis 1756, ce qui en fait la plus ancienne appellation contrôlée du monde !
Tout ramène donc à la vigne et à ce vin mondialement célèbre dont l'histoire m'a amusé car contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est autant une histoire anglaise que portugaise.
Les anglais étant dans l'ancien temps grands amateurs de vins d'Aquitaine, se sont trouvés fort dépités lorsque le roi Louis 14 décréta un embargo sur les vins, l'ambiance étant plutôt glaciale entre les deux pays...
Las... la perfide Albion ne s'en est pas laissé conter et s'est rabattu sur les vins du Portugal qu'ils venaient embarquer à Porto, sauf que (damned !), il s'est avéré que les vins portugais supportaient mal le voyage !
C'est donc un marchand anglais, Jean Beardsley, qui a eu l'idée de stopper la fermentation en rajoutant de l'alcool avant la traversée... La suite est connue, le succès a été fulgurant et, oublié les vins d'Aquitaine, les sujets de sa gracieuse majesté avaient leur Tawny !
Comme bien des endroits très connus, on peut craindre que la réputation en soit usurpée... mais nous vous affirmons que ce n'est pas le cas de la vallée du haut Douro : c'est magique !
Tout se termine, bien sur, dans une Quinta qui accepte les camping-cars pour la nuit en leur offrant une dégustation instructive pour les papilles comme pour les méninges..
Sachez par exemple que le Porto est un vin... muté : et, non, ce n'est parce qu'il vient de la planète Krypton...
C'est le nom du procédé, le mutage, qui arrête la fermentation pour que ça reste un vin doux avec son sucre en rajoutant donc l'alcool sous forme d'eau de vie : les levures n'y survivent pas, la fermentation s'interrompt, et le produit devient un vin doux ayant gardé son sucre tout en ayant enrichi son taux d'alcool..
Well done, Jean Beardsley !