"L'oeil étonné aperçoit les pics des Alpes couverts de neige,
et leur austérité sévère lui rappelle des malheurs de la vie
ce qu'il en faut pour accroître la volupté présente."
Stendhal, La Chartreuse de Parme
Pour terminer cette équipée printanière, le lac de Côme renvoie immanquablement au roman incontournable auquel il sert de cadre... roman avec lequel, adolescent solitaire des années soixante loin des réseaux sociaux et des sites pour adultes, s'est faite mon éducation sentimentale !
C'est par sa pointe nord, en une brève escapade suisse, que nous avons quitté le lac Majeur.
Passant par la superbe cité de Locarno, (où l'on comprend bien que les festivaliers cinéphiles se pressent en aout dans un décor flatteur) avant de longer ensuite la rive du lac Suisse de Lugano, plus sauvage, pour filer vers notre destination finale, le lac de Côme.
Comme dans l'article précédent, les haltes en camping car s'avèrent bien rares sur la route étroite qui longe le lac , et encore plus dans les ruelles des magnifiques villages aux maisons ocres où le croisement est... délicat !
Ce n'est donc pas en fonction des noms les plus touristiques de Lenno, Tremezzo ou autre Menaggio que nous ferons halte, mais quand il sera possible de trouver une place pour nous garer !
Ce sera donc dans le petit village de Donzo presque tout au Nord que nous ferons halte sur les quais.
Là, pas de débarcadère pour touristes en goguette, mais un tout simple petit port de plaisance face aux cimes enneigées.
Un peu à l'écart des touristes, donc... ce qui nous permettra un peu plus loin une soirée sereine face au lac dans un camping semi-désert où le propriétaire débonnaire vient presque distraitement ouvrir le portail d'accès avant de nous laisser nous installer tout au bord du lac où nous serons tous seuls...
Le petit sentier côtier est donc un moment contemplatif à peine marqué par quelques rares promeneurs..
Le lac de Côme pour nous tous seuls : vive le mois d'avril !
La rencontre avec ces jolies fleurs bleues me fait découvrir avec vous la bourrache officinale, dont je découvre avec étonnement sur internet les multiples usages culinaires et officinaux.. alors qu'elle contient en bonne quantité un alcaloide hépatotoxique favorisant les tumeurs du foie !
On la considérait au moyen âge comme une plante magique aphrodisiaque : un bouquet de bourrache offrait la certitude au séducteur d'un succès dans son entreprise !
Après les harles du lac Majeur, les colverts du lac de Côme.... si connus qu'on en oublie à quel point ils sont photogéniques !
Nous aurons également la visite d'une bergeronnette grise venue sur les berges au bord de l'eau, comme cette espèce aime le faire, pour grapiller quelques insectes.
Elle fait partie des oiseaux antropophiles, que l'espèce humaine ne dérange pas, ce qui explique qu'elle n'était pas perturbée outre mesure par notre présence , semblant nous regarder pour dire : "je peux manger tranquille oui ou non ?"
Le lendemain matin, en conclusion de cette virée italienne, c'est encore une fois avec un soleil irréprochable que nous avons fait nos adieux au romantique lac de Côme.
Emportant avec cette dernière image, une citation stendalhienne destinée non plus aux adolescents en mal d'éducation sentimentale, mais aux retraités parfois dépités par le temps qui passe..
"La vie s'enfuit, ne te montre donc point si difficile envers le bonheur qui se présente."