Escapade en Camargue (4) : plus secrète... en pays gardois

Pour me faire pardonner l'article précédent,  le blog vous invite à nouveau dans l'ambiance hivernale des parcs de Camargue, notre destination fétiche en ce moment, tant que diverses considérations matérielles nous "bloquent" à Nîmes...

Cela devrait changer en avril et l'on commence à parler d'ambiances transalpines à vous proposer bientôt ...

Il s'agit cette fois d'une zone moins fréquentée, la Camargue gardoise , ou petite Camargue, à l'ouest du Petit Rhône qui marque la frontière entre les deux régions du midi méditerranéen : on est donc cette fois non plus en PACA mais en Occitanie !

Comme bien d'autres  frontières... le paysage n'est pas très différent d'un côté ou de l'autre. (les frontières, vous le savez, je ne suis pas fan...) 

Et la route toute gardoise qui nous emmène de Nîmes vers le centre du Scamandre,  vaste espace naturel au sud de Vauvert, n'a rien à envier à  la grande Camargue voisine...

Le centre du Scamandre, au bord de l'étang du même nom offre les mêmes ambiances aquatiques que le parc ornithologique à une dizaine de kilomètres de là, mais sans la foule qui s'y presse... et c'est gratuit !

Seule chose à savoir : c'est fermé le dimanche ( on l'a appris à nos dépends quelques semaines plus tôt)  et nous voici donc sur les sentiers en bordure de l'étang un samedi !

Les stars de la région sont bien sur au rendez-vous, moins nombreux  qu'au parc ornithologique, mais tout aussi élégants..

Avec leur drôle d'atterrissage dans les quelques centimètres d'eau de l'étang.

Mais bien d'autres espèces attendent les visiteurs..

Le cygne tuberculé doit son nom au renflement noir de la base de son bec et, (en opposition à une autre espèce, le cygne chanteur ) est parfois appelé .. le cygne muet !

C'est le cygne plus fréquent en France  et lui aussi, comme les flamants,  est dans nos régions, parfois sédentaire, parfois migrateur...

Capable de défendre agressivement son territoire où il vit en couple monogame pour la vie..  il a pourtant des liens historiques avec l'homme car il peut être apprivoisé : en Angleterre, il est la propriété de la monarchie britannique  qui possède de plein droit tous les cygnes non marqués au bord de la Tamise !! Si, si ! au 21° siècle !

La Foulque Macroule peut initialement faire penser (c'était mon cas) à une grosse poule d'eau. 

Elle appartient bien à la même famille, mais elle est nettement plus grosse et a un placard blanc caractéristique sur le front et le bec. De plus son comportement est très différent : les poules d'eau ne quittent guère les herbes ou roseaux où elles se refugient au moindre bruit tandis que les foulques nagent sans complexe en pleine eau..

Elle adapte son alimentation aux circonstances , végétale à la belle saison et mixte en hiver avec animaux aquatiques voire vers dans les champs si besoin

La Camargue est un des deux grands sites d'hivernage .. avec le lac du Bourget !

Habitués aux mouettes de nos ports et de nos villes, on finit par ne plus leur prêter attention.. mais elles  restent des oiseaux élégants auquel le décor de la Camargue rend hommage.. 

La Mouette Rieuse chère au regretté Gaston Lagaffe est connue pour sa tête toute noire.. ce qui n'est pas le cas sur cette photo, me direz vous. 

Et bien.... c'est que l'on est en hiver : le capuchon noir a disparu et reviendra à la saison de reproduction en tant qu'atour de séduction !

Le Canard Colvert , c'est un peu pareil : habitués à le voir sur les plans d'eau de nos villes, habitat dans lequel il se plait bien... on ne se rend plus compte à quel point il est splendide...Mais le décor sauvage de la Camargue et la lumière d'hiver rendent hommage à ce couple  dans les roseaux . 

Le Colvert, aux moeurs plus "tendance" que le cygne, change, lui, de partenaire à chaque saison, en se donnant un peu plus de mal que quelques clics sur Tinder : la parade nuptiale dure plusieurs semaines en hiver bien avant la saison de reproduction !)

Le cou du mâle peut, on le voit, ne pas être vert, mais bleu !

On revoit forcément  les oiseaux déjà vus quelques semaines plus tôt, puisque la Camargue est un de leurs sites majeurs. Contrairement à sa consoeur la Grande Aigrette qui est souvent vue en plein champ, L'Aigrette Garzette ne quitte guère les bords peu profonds des étendues d'eau où elle se nourrit et tout près desquels elle fait son nid.

Le Grand Cormoran avec son plumage noir et une tache blanche de taille variable à la base du cou faisait un peu hésiter mon appli avec un autre cormoran noir, le cormoran à aigrette , mais en fait c'est facile : le deuxième vit en Amérique du Nord ;-)

C'est oiseau sociable qui vit en colonies et qui est un plongeur émérite (jusqu'à 10 m de profondeur !) avec des plumes non imperméables qu'il doit faire sécher ensuite au soleil , attitude qui le rend bien reconnaissable..

Plus inattendue cette image "alsacienne" d'une cigogne sur son nid témoigne que, si la cigogne reste un oiseau essentiellement migrateur qui ne fait habituellement que "passer" faire une étape  en Camargue sur la route de l'Afrique aux saisons de migration, on observe depuis quelques années quelques couples qui se sont sédentarisés en Camargue comme ici...

Sur les sentiers du centre, à l'ambiance si caractéristique de cette région, les oiseaux n'ont pas l'exclusivité des rencontres possibles.

Le Ragondin est un rongeur d'une autre famille que le castor malgré une impression initiale de similitude en le voyant nager dans l'eau... mais... si c'était un castor... on ne verrait que sa tête ! (le dos reste sous l'eau)

Grosse différence, le castor est une espèce protégée alors que le ragondin est classé espèce nuisible par les dégâts causés par ses terriers sur les systemes de digues et d'irrigation ainsi que par son goût pour le mais et les céréales !

Son  histoire est intéressante : originaire d'Amérique du Sud où sa population est régulée par des prédateurs (jaguars, caïmans..) il a été importé ailleurs dans le monde pour sa fourrure et depuis, il a essaimé dans le reste du monde à l'état sauvage par évasions ou relargage... N'ayant pas de prédateurs ailleurs qu'en Amérique du Sud, il prolifère... et, comestible, il est utilisé comme viande bon marché dans certains pays .. ou bien  comme aliment pour chien aux USA !

A la fin de la visite du Scamandre.. on ne rentre pas à la maison ! Cette fois il s'agissait d'un weekend en Camargue et non d'une escapade à la journée...

Première nuit en Camping Car pour tester si tout est OK (et l'eau chaude , elle est où l'eau chaude ?) et se pénétrer du fait que l'on n'est plus en Amérique du Nord... les emplacements isolés dans la nature.. ça va être plus rare !

Il faut assimiler le boom des véhicules de loisir ces dernières années et le fait qu'il y a une surpopulation de camping-cars  auxquels on attribue maintenant des zones bien spécifiques dans les régions touristiques.. ce qui fait que l'on ne sera pas toujours seul dans des coins paumés en pleine nature... C'est comme ça...

Vous voyez le site que nous avions choisi où l'on ne pensait pas qu'il ya ait tant de monde lors d'une week end de février ! Ca augure que ça doit être un réel problème à la belle saison et qu'il va falloir prendre en compte cette question...

Il reste que le site proposé se situait dans une manade camarguaise à l'ambiance sympa avec ses pensionnaires caractéristiques, les activités de découvert de la manade si intéressés ... et le resto où renouer avec la gardiane de taureau que l'on avait pas mal négligée à La Réunion ;-)

En plus, nous dormions à 30 mètres du Petit Rhône et toute l'ambiance surannée de ses rives avec petites cabanes et pontons déserts en ce mois de février où il n' y avait pas âme qui vive le long du fleuve : l'ambiance doit être bien différente un dimanche d'été ... 

En effet, une soirée d'été dans une guinguette sur la rive du petit Rhône dans l'ambiance gitane de la région (on est tout près des saintes maries de la Mer !), ça doit être quelque chose .. mais là, il faudrait faire... avec les moustiques !

L'occasion pendant cette halte en regardant autour de nous de mettre des images sur un des oiseaux les plus familiers des zones urbaines, l'Etourneau Sansonnet : on connait les impressionnantes nuées de milliers d'individus  de cet oiseau très sociable, source de désagréments notables en ville mais je ne l'avais jamais encore observé de près depuis que je m'intéresse aux oiseaux : il n' y en a pas à La Réunion ;-)

Encore une histoire intéressante : en Amérique du Nord les quelques 200 millions d'étourneaux descendent tous d'une centaine d'oiseaux relâchés par un naturaliste à Central Park a New York en 1890.. Ayant proliférés depuis dans toute l'Amérique du Nord, ils posent des tas de problèmes dont leur comportement envahissant par rapport aux autres oiseaux et... le danger notable de ces nuées d'étourneaux au voisinage des aéroports responsables de crashs aériens comme celui de Boston en 1960, bilan : 62 morts !

Et pour finir découverte d'un nouveau passereau dans les arbres alentours (avec les passereaux... on n'a pas fini !) le Pouillot véloce.

Petit insectivore très commun dans le sud en hiver (alors que dans le Nord, il se caille !) il passe sa journée dans les arbres à chercher des insectes.. alors que , curieusement il fait son nid au sol dans un amas d'herbes ou de feuillages ..

Et je vous laisse avec le chant de la Foulque Macroule qui achèvera de vous mettre dans l'ambiance..