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Les mots pour le dire..

27 Février 2024, 18:59 La Di La Fé

Moi qui lit bien peu, encore que ça s'améliore un peu depuis la retraite ;-)  je me permet une digression entre deux articles de voyage... pour parler d'un livre.

C'est que je suis sous le choc de ce qui restera pour moi le livre de l'année, voire bien plus,  en ce sens qu'il y aura, je pense  un avant et un après Triste Tigre de Neige Sinno. 

J'emprunte le titre de l'article à un très ancien texte autobiographique d'une autrice  franco-canadienne, Marie Cardinal, qui m'avait profondément marqué (en 1975 !) pour introduire ce livre de 2023.

Beaucoup a déjà été dit et écrit sur ce livre qui a été multi récompensé et qui est un immense succès, alors pourquoi ces quelques lignes de la part de quelqu'un qui lit à peine deux livres par mois ?

Et bien, justement.. parce que j'ai failli ne pas le lire... alors qu'il faut que tout le monde le lise.

Le sujet me faisait peur et j'appréhendais , comment dire .. une plongée dans l'innommable...

Alors qu'en fait, on ressort grandi de voir que l'impensable peut être nommé... raconté... pensé... analysé...avec une immense sensibilité mélangée à une pudeur, une intelligence et une hauteur de vue à peine croyable vu son sujet.

Pour ceux qui n'ont pas vécu l'inceste, on ressort de cette lecture non pas éclaboussé et sali comme je le craignais.. mais plus riche d'avoir affronté et réfléchi ce que, comme la société toute entière, on ne voulait pas entendre.

Et pour les milliers et les milliers de celles et ceux qui l'ont vécu, je suis certain que ce livre est un espace où se dire... "ces choses qu'elle dit, ce sont les mêmes que celles avec lesquelles je vis depuis toujours... je ne suis plus seule avec elles.."

Alors, oui l'émotion  vient souvent s'inviter dans la lecture et obliger à faire des pauses... mais ce qui rythme les pages de ce livre n'est pas le sordide mais bien la pudeur et l'élégance de trouver les mots et  les formules acérées pour mettre en lumière une réalité sur un sujet que tout le monde doit voir en face.

 

Je n'en choisirai qu'un extrait au sujet du consentement

"Les violeurs transigent avec eux-mêmes en s'imaginant qu'on leur a ouvert la porte d'une manière ou d'une autre.(...) On voyait de la lumière, ça donnait comme un signal qu'on pouvait entrer : est-ce que tu es bien sûre que tu n'avais pas laissé la porte entrouverte ?"

Alors que...

"C'est toujours grand ouvert chez un enfant. Un enfant ne peut pas ouvrir ou fermer la porte du consentement : il n'atteint pas la poignée."

Alors madame, veuillez trouver ici en plus de mon admiration pour votre courage, mon émotion pour avoir changé à jamais notre regard  sur le mal qui  rôde dans notre société sans que, jusqu'à votre livre, nous voulions le voir (statistiquement deux enfants par classe, on le sait ...)

 

Et je voudrais vous envoyer mon ressenti à la fin de votre livre qui, je pense, ne se refermera jamais : 

Le mal est un océan qui gronde sans fin autour de nous, mais avoir écrit ce livre, c'est comme avoir construit une forteresse : certes les vagues continueront à frapper contre les fondations tous les jours... mais elle restera debout, parce que vous avez trouvé les mots pour le dire.

Comme vous le citez dans votre livre :

"L'important ce n'est pas ce qu'on a fait de nous, 

c'est ce que nous ferons de ce qu'on a fait de nous"

      Jean Paul Sartre

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commentaires
C
Tu n'as rien à te faire pardonner pour reprendre le début de ton article suivant mon Zitoun.<br /> C'est un très vibrant texte.<br /> Je ne trouve pas de mots...
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