Au terme du récit de cette parenthèse de 6 mois... nous sommes confrontés aux questions posées au retour et aux réponses que nous n'avons pas...
- sur le pays qu'on a préféré (chaque lieu était un rêve...)
- sur ce qu'on referait ou pas si c'était à refaire (ça serait une autre histoire qui s'écrirait, c'est tout..)
- sur le fait d'avoir trouvé ce qu'on cherchait.. (mais qu'est ce qu'on cherchait en fait ?)
- et peut-être surtout sur le fait d'être capable de passer à autre chose en se posant quelque part (pas sûr, pas sûr....)
En fait, ce qui restera et fait partie de nous dorénavant... c'est la sensation partagée à deux des promesses qui s'offrent chaque jour au réveil en empruntant les routes du monde, dont cet article vous offre un petit florilège...
En repensant au petit sourire complice échangé le matin en démarrant le moteur, l'un au volant, l'autre la carte sur les genoux.... avec chaque journée qui commence comme une nouvelle histoire à écrire, sur la musique de Gérard Manset, le compagnon de route de notre jeunesse.
Pour commencer, la terre rouge d'Afrique sur les pistes des parcs animaliers d'Afrique du Sud à l'automne dernier, première étape de ce voyage sur les routes de la retraite , comme deux gamins émerveillés revisitant les livres d'images de leur enfance
Routes d'Afrique et leurs rencontres qui n'appartiennent qu'à elles..
Autres grands espaces ensuite, avec les étendues sauvages du Western Australia
Où ressentir l'immensité, perdus dans l'Outback...
Vient ensuite le pays du Nuage Blanc, la Nouvelle Zelande... et ses sortilèges, au sein des paysages hantés par les personnages de la Terre du Milieu
Personne je pense ne peut oublier ensuite les petites routes serpentant dans le décor grandiose des Alpes néo-zélandaises en toile de fond
Puis sont venues les routes bien peu fréquentées et souvent cahoteuses de la brousse, en Nouvelle Calédonie
Quand elles ne deviennent pas....interdites aux voitures !
Plus intimes car au coeur de notre imaginaire depuis 15 ans, les petites routes de la presqu'ile de Tahiti semblaient nous avoir attendus, intemporelles, depuis tout ce temps.
Longer en vélo le lagon d'une des îles sous le vent en Polynésie, c'était comme avoir retrouvé la paix qui semble peu à peu disparaitre dans le reste du monde
Et enfin, pour combler l'inévitable nostalgie du voyageur qui quitte la Polynésie, les immenses étendues sauvages du Grand Nord ont répondu présent !
L'Alaska et le Yukon ne peuvent décevoir celui qui est parti chercher le mythe de la route qui s'en va au loin... tout droit vers l'inconnu....
Jusqu'à ce que la route nous ramène... sous le soleil de l'Occitanie....au Chemin des Terres de Rouvière d'où nous étions partis il ya 15 ans !
Nîmes d'où j'écris ces lignes... sous le signe de nos retrouvailles avec une paisible maison nichée dans la verdure de la garrigue sous une belle lumière automnale...
Nîmes où nous attendait la lancinante question de s'avoir si la garrigue est une halte, une parenthèse... ou bien si il s'agit du début d'un nouveau mode de vie, qui signerait la fin du voyage.
Vous vous en douteriez.... poser ainsi la question, c'est déjà y répondre : quand le voyage a été le leit-motiv de toute une vie, y mettre fin à 65 ans, ce serait se sentir... je ne sais pas... comme un vieux rafiot échoué...
D'autres routes nous attendent, on ne saurait pas faire sans elles...
Comme cette route de Haute Loire où nous étions partis chercher des images de l'automne dans les forêts du Massif central .. sans se douter qu'on y trouverait des images ... de l'hiver !
Ambiance .. saisissante pour deux personnes qui ont vécu 15 ans dans l'Océan Indien !
Alors d'autres projets mûrissent.. après un automne pour rénover la belle maison dans la garrigue et un début d'année consacré à prendre soin des alvéoles à dynamiser..lorsque l'hiver s'en ira.... que faire, sinon reprendre la route ?
"Y a une route comme une blessure :
On verrait l'os de ton visage...
Mais y a une route, c'est mieux que rien :
Sous tes semelles c'est dur et ça tient..."
Gérard Manset