Pour terminer ce périple , il ne nous restait plus que la destination la plus célèbre de l'Alaska, là où nombre de visiteurs se rendent souvent au début du voyage... le Parc Denali.
Nous, en revanche, nous l'avons inscrit à la fin du voyage, pour une raison bien simple : c'était complet à notre premier passage !
En effet, le Denali c'est très couru.... les hébergements en campgrounds sont limités ainsi que les excursions puisque comme vous allez le voir, on ne peut pas l'explorer en voiture particulière. Par conséquent, en haute saison..... c'est complet bien à l'avance!
En revanche, fin aout, on est en toute fin de saison, il n' y a plus grand monde sur les routes d'Alaska et on a pu réserver sur internet 3 semaines plus tôt sans problèmes... à la fois un campground du parc pour deux nuits et une balade en bus à départ très matinal !
Comme vous le voyez sur cette dernière carte du périple, on est donc remonté depuis la Péninsule de Kenai de l'article précédent jusqu'au parc Denali, marqué d'une croix....
Ceci annonçait la fin de notre voyage et il n' y aurait plus ensuite qu'à rebrousser chemin par la même route pour Anchorage où la société Go-North attendait son beau motorhome au terme d'un périple de 7000 kms depuis le départ au Yukon. ( je vous ai dit qu'il avait un nom ? il s'appelait Philip !)
Le temps d'une halte au Byers Lake Campground pour faire provision de ces images de grands lacs et de forêt boréale dont il était prévisible qu'elles alimentent longtemps une profonde nostalgie du grand nord (et je vous confirme... c'est le cas !)
La balade au bord d'un lac d'Alaska au jour qui décline réserve toujours des surprises, et cette fois ce fut cette insolite cabane abandonnée, devant laquelle se faire un film de la rude vie en hiver du trappeur essayant de ne pas geler au retour de la relève de ses pièges...
Plus loin, en suivant le bruit caractéristique qui annonce la présence d'un pic en train de chercher sa nourriture dans un tronc d'arbre, le zoom parvient sans difficulté à saisir un Pic à dos rayé, immobile car absorbé par sa tâche....espèce qualifié de peu fréquente dans Merlin Bird, donc réalisant une observation chanceuse...
Et après une assez longue route nous avons bifurqué depuis la Highway pour prendre la route du parc et découvrir son mode d'emploi...
Si un lecteur me lit avant un projet de visite, il lui faut savoir deux ou trois choses..
1) Tout d'abord, ne pas confondre les deux parcs et bien cibler le Denali National Park et non le State Park ! L'un est au nord de la chaine de montagne qui abrite le mont Denali, l'Alaska Range, l'autre est au sud
2) Ensuite se rendre en premier lieu au Visitor's Center 1 ou 2 kms après la bifurcation, pour récupérer ses réservations de camping et de bus faites par Internet... (en effet, se pointer sans réservation a bien des chances, sauf tout début ou toute fin de saison, de se heurter à l'absence de place disponible !)
3) Ce n'est qu'après s'être vu attribuer un emplacement et avoir confirmé sa réservation de bus que l'on peut ensuite se rendre au campground qu'on avait réservé , où il faut bien étudier avant ceux qui acceptent les camping cars (il n' y en qu'un le Riley Creek Campground, vaste complexe proche de l'entrée .. les autres sont plus petits et n'ont que des emplacements pour tente..)
4) Enfin on voit bien sur la carte l'unique route en cul de sac qui mène dans le Parc : Et bien, elle n'est accessible aux véhicules privés que sur 15 miles, jusqu'à la Savage River où une barrière ne laisse ensuite passer que les bus du parc. Ceci afin :
-d'éviter une sur fréquentation avec des embouteillages inévitables sur cette unique route,
-de ménager une route, on va le voir, fragile
-et bien sur... de foutre un peu la paix aux animaux !
Pour aller plus loin dans le Parc on peut soit randonner (des bus vous déposent ou vous voulez et vous pouvez en reprendre un autre pour rentrer) soit prendre des excursions en bus guidées réservées à l'avance
Un premier trajet exploratoire ensuite (après l'installation dans l'emplacement au milieu des bois qui fait bien, où l'on aura le lendemain la visite d'un élan dans le camping...) nous a fait emprunter le petit segment de route accessible : il nous a montré les vastes paysages du parc mais pas de rencontres animalières... Pour ça, ce fut le lendemain !
Le lendemain donc.. réveil très matinal en pleine nuit pour le premier départ dans une ambiance.. frisquette ! ( il ne fait pas chaud en Alaska fin aout au petit matin...)
Comment ? L'interêt de se lever si tôt et de se geler ?
Et bien, être les premiers sur la route, voir le lever du jour sur le mont Denali et espérer voir plus d'animaux puisqu'ils sont moins actifs en milieu de journée (un peu comme en Afrique, quoi..)
Le chauffeur-guide prend tout son temps, roule à petite allure et stoppe au moindre hurlement de passager qui a vu quelque chose ! Il est intarissable tout le long de l'excursion et on apprend (dans les limites de notre anglais..) l'histoire du parc, son fonctionnement et les infos sur les paysages.. et les animaux rencontrés, bien sûr !
Premier objectif, quelques kilomètres seulement après le départ... voir le mont Denali si la météo s'y prête.. car il est souvent caché par une couronne de nuages !
Chance... (comme souvent dans ce tour du monde..) : alors qu'il pleuvait des seaux la veille et qu'il en sera de même le lendemain.. le jour de la balade, le soleil éclaire de ses rayons matinaux le plus haut sommet des USA, majestueux du haut de ses 6190 mètres...
Avant que ne commence ensuite le spectacle animalier..
Un élan tout près de la route, à peine déstabilisé par le bus à l'arrêt et les visiteurs descendus prendre les photos ( il a l'habitude..)
Je me sens obligé de rappeler à Marianne fascinée qui se rapproche un peu trop à mon goût... qu'elle n'a plus ses jambes de 20 ans si l'élan (qui peut être ombrageux..et peut charger les visiteurs qu'il considère trop proche de lui... ) se met en colère !
Peine perdue.. elle est vraiment fascinée ;-)
Ensuite, c'est un troupeau de caribous avec leurs ornements spectaculaires, qui assure le spectacle..
Plus loin.. le chauffeur stoppe brutalement alors que l'on n'avait rien vu de particulier...
Et c'est en se penchant par la fenêtre que l'on découvre sur la route l'oiseau emblême de l'Alaska, le Ptarmigan !
En français le lagopède des saules est de la famille des Tétras, et a la particularité de changer de couleur en hiver pour un plumage blanc moins repérable par les prédateurs... Je ne le connaissais pas mais on peut aussi l'observer chez nous dans les Alpes sous sa variante, le lagopède alpin (mais c'est plus difficile, il es moins répandu que son congénère américain !)
Craquant aussi... le ground squirrel de retour d'une expédition pour faire ses courses en prévision de l'hiver !
Sans oublier d'admirer les paysages d'immensité de nature vierge magnifiques sous le soleil alors qu'il pleuvait encore en milieu de nuit.
Plus loin, au grand soulagement du chauffeur qui sait qu'il a la pression des touristes à la recherche de grizzlis... un ours solitaire sur une colline coche la case "on a vu un ours" et le chauffeur se détend avec la sensation du devoir accompli...
Pour l'ours suivant... on est tous, passagers et driver, plus cool .. c'est juste cadeau !
Jusqu'à ce qu'on atteigne une rivière dans un paysage grandiose qui marque la fin de la balade et l'endroit où faire demi-tour !
On constate en effet sur la carte qu'on n'est pas arrivé (et de loin !) au bout de la route... Mais le chauffeur explique que la route ensuite n'est pour l'instant plus praticable..
C'est qu'on est ici dans la zone du Permafrost, (vous savez.. la terre qui ne dégèle jamais à quelques dizaines de centimètres sous la surface...)
Et bien la route, qui repose sur lui, malgré des précautions de soubassement... est à la merci du dégel du Permafrost.
Or, ici comme ailleurs, le réchauffement climatique est à l'oeuvre et entre autres effets néfastes de la fonte du dit Permafrost, le sol dégelé s'effondre sur lui-même et la route avec !
Ensuite , réparer le segment de route s'avère onéreux et complexe et.. n'est pas encore budgété par le Parc !! Conséquence.. on ne va plus au bout de la route et on fait demi-tour(sauf à continuer à pied, mais vous l'avez compris maintenant.... ce n'est pas pour nous !)
Et ce n'est pas parce qu'on est sur le chemin du retour que le chauffeur et les passagers se relachent à la recherche des animaux...
Un troisième grizzli se dévouera pour faire le spectacle !
Et, après avoir beaucoup cherché et rarement trouvés d'élans le long de la route depuis le début du voyage.... le parc Denali rattrape le coup à la fin du trip avec un vieux mâle et son imposante parure..
Le parc Denali.... certes très touristique, mais le spectacle est bien au rendez-vous ce qui le rend effectivement incontournable !