Dernière destination de ce retour en arrière vers le rêve polynésien : Maupiti.
Ile mythique pour nous, minuscule caillou tout au bout des îles sous le vent, que nous n'avions pas visité il y a 15 ans en raison d'une mauvaise météo ayant obligé l'avion... à rebrousser chemin !
Maupiti... préservée de la modernité par ses 1200 habitants, attachés à leur vie traditionnelle et farouchement opposés au tourisme de masse et à l'invasion des grands hôtels comme à Bora Bora,
Protégée des paquebots de croisière par une seule passe étroite et redoutable pour accéder au lagon que vous voyez au sud sur la carte... on n'y retrouve guère plus qu'une centaine de touristes à la fois ayant obtenu le graal d'une place dans les rares avions et dans les non moins rares pensions.. (il faut s'y prendre très en avance!)
A la fois île haute avec son sommet central à la vue mémorable, et atoll avec les motus qui l'encerclent au 3/4 dessinant un immense lagon aux inépuisables déclinaisons de bleus, Maupiti est à elle seule un concentré de tous les archétypes polynésiens .
Le bateau de la pension nous attend à l'atterrissage et nous emmène en quelques minutes sur le motu Tuanai à l'est où nous attend la pension cachée dans les cocotiers
A la pension Maupiti Holidays, les bungalows colorés promettent 4 jours hors du temps avec la compagnie souriante et efficace de Taerama, intarissable sur son île et sur la Polynése en général, aux petits soins pour ses hôtes que ce soit pour une journée de farniente ou pour planifier les diverses excursions alentours..
Les vinis (cf article précédent !) sont au rendez-vous tout autour de nous.
Depuis le motu, la vue sur l'ile haute est imprenable, avec les raies qui vont et viennent un peu plus loin dans ces eaux peu profondes.
Les sternes huppées sont au rendez-vous à l'affût de leur dîner....bien visible dans une eau translucide !
Comme tout polynésien, Taerama est amateur de "rame", c'est à dire de pagayer sur un Va'a, les pirogues à balancier...
Si les client sont partants, il propose une leçon de cet exercice difficile (les pirogues en fibre de carbone, ultra-légères, filent sur l'eau avec un équipage expérimenté.. mais chavirent à la moindre fausse manoeuvre !)
L'équipage du jour.. s'en est bien sorti !
Pour les moins sportifs, le mode farniente est également au menu et le temps parait suspendu devant les images idylliques qui sont fidèles au rendez-vous..
Le coucher de soleil sur une île du pacifique est quelque chose que l'on n'oublie jamais.
Le lendemain, découverte de l'île par un tour du lagon avec l'énergique et souriante Leila dans une ambiance .. familiale puisque c'est toute sa famille qui participe à l'excursion , depuis son fils qui nous conduit en bateau pour l'exploration du lagon, jusqu'à sa maison où l'on va se régaler des poissons préparés par son mari tandis qu'elle nous raconte la dure vie de la culture du coprah et que sa fille nous montre les chorégraphies de danse qu'elle a préparées pour les visiteurs..
Pour ceux qui se disent au fil des articles : "Mais il n'y a jamais de galère dans leur tour du monde ?" ... Jusqu'ici pas du tout... mais il en fallait bien une (petite..)
Si vous avez un appareil photo immersible, il a un petit compartiment qu'on ouvre pour le recharger, soigneusement protégé par deux sécurités pour assurer l'étanchéité..
Et bien... le compartiment.... il faut le refermer ! Sinon quand vous allez dans l'eau.. il prend l'eau et tout est noyé !!! Enfer et damnation !!! Alors qu'il ne nous restait que deux jours à l'utiliser...
Du coup, je suis obligé d'aller sur Google pour vous montrer ce que j'ai vu avec de grand yeux écarquillés..
A Maupiti, tous les matins, des raies mantas viennent passer une heure ou deux au même endroit dans 4 à 5 m d'eau pour se faire déparasiter par de petits poissons complaisants avant de repartir dans les eaux plus profondes où elle ne sont visibles que par les plongeurs..
Et voici le spectacle auquel on assiste avec son masque et son tuba
Le ballet de cet animal majestueux est presque irréel, les raies semblant plus voler que nager, imperturbables à 2 ou 3 mètres de nous si l'on est soigneusement immobile... pour qu'on puisse les contempler à loisir.
L'excursion atteint ensuite le motu opposé à celui de notre pension, le motu Auira à l'ouest où vit Leila et sa famille
Leur petite maison cachée dans la cocoteraie suggère l'image d'une vie idyllique, mais...
Leila raconte la dure vie de la culture du coprah, les longues journées de labeur répétitif dans la cocoteraie dans la chaleur, et à notre stupeur elle attrape une hache pour nous montrer son expertise pour "hâcher" le coco, comprenez : fendre la coquille dure comme de la pierre pour accéder à la noix de coco !
Il faut ensuite les outils spéciaux pour "décortiquer" la pulpe du fruit, avant de la mettre à sécher pur 3 jours et de l'envoyer par sacs de 25 kgs pour devenir plus tard le coprah..
Elle nous dit dans un grand éclat de rire qu'elle a choisi de se lancer dans les excursions touristiques pour ne plus aller dans la cocoteraie !
Un moment simple et sincère, pour toucher du doigt l'endroit et l'envers de la vie dans un atoll, et se replonger dans le naturel de l'accueil qu'on vous fait ici, au son du rire clair et lumineux qui reste dans notre coeur, plus que toutes les images de carte postale, la vrai magie de la Polynésie..
Au retour de l'excursion pendant la fin du tour de l'île, la lumière de fin d'après-midi illumine les cocotiers, interrogeant les voyageurs sur le poids que pèse dans l'imaginaire collectif cet arbre à nul autre pareil...
Autre excursion, le tour de l'île en vélo après s'être fait déposé à Vaiea, le seul village de l'île... pour explorer une autre mémorable route de la retraite, la route de ceinture qui se pare de toutes les nuances de bleu offertes par le lagon
Pays de cocagne, on vous dit...
De l'autre côté de l'île, la plage de Tereia est la seule de l'île centrale...
Au pied du sommet de l'île, avec son eau limpide.... et quasi déserte en ce dimanche, elle propose des instants privilégiés.
C'est comme.. je ne sais pas.... l'aboutissement de tous les voyages ... la sensation qu'on a trouvé ce que l'on cherchait depuis toujours..
La plénitude...
Et le lendemain, quand l'ATR d'Air Tahiti atterri sur l'île pour nous ramener dans la réalité du monde, c'est bien notre rêve revisité qui se déchire à nouveau
Car on en est certains depuis bien longtemps... et on vient de le réviser à Maupiti...
Le reste du monde n'en a pas conscience, mais il est plus riche parce que la Polynésie existe.