Comme déjà dit au début du blog, le fait de repasser en Polynésie au mois de juillet n'a pas été le fruit du hasard... mais au contraire, c'était l'élément central de ce tour du monde, autour duquel le reste s'est construit..
C'est que, en juillet, ici, c'est le Heiva, la grande fête annuelle qui célèbre la culture polynésienne et l'importance de la perpétuer ...
Il y a 15 ans que nous y avons découvert la féérie de la danse polynésienne, le Ori Tahiti et, en ayant été totalement éblouis, nous y revenons pour la 4° fois...
Grâce à Céline qui nous a réservé les places (elles partent vite !) , nous avons pu avoir la chance de nous réinstaller sur les gradins de la mythique place To'ata où se produire un jour est un aboutissement pour quiconque pratique la danse ici, sous les encouragements bruyants et chaleureux de la famille et des amis, avant que le silence se fasse et que la magie opère..
Avant tout la danse, c'est en musique... et l'orchestre joue en rôle primordial dans le spectacle. Le Heiva étant un concours avec 6 soirées qui se terminent par un classement très attendu (et abondamment commenté ensuite, bien sur) avec de multiples prix, il y a aussi un prix du meilleur groupe musical !
Avant d'en venir au spectacle de danse, il ya aussi les chants traditionnels, les Taravas...
Complexe mise en scène de groupe de plus de 50 personnes sur scène, avec jusqu'à 8 voix dans le chant... chaque groupe présente un spectacle musical de sa composition, en y mettant tout son coeur après des semaines de répétition.
On y vient parfois avec fierté représenter une île très éloignée et j''ai été très impressionné par les 70 chanteurs venus de Rapa, une petite île perdue des Australes de 500 habitants qui n'a pas d'aéroport et où ne passe qu'un bateau par mois !
Ce qui veut dire qu'un dixième de la population de l'île répète le spectacle depuis des mois et a ensuite pris le bateau pour s'absenter un mois de son île ! C'est là qu'on comprend que le Heiva, ça n'est pas du folklore, c'est l'âme de ces gens qui s'y exprime.
Ils ont été récompensé en remportant le premier prix dans leur catégorie de Tarava Tuhaa Pae (traduisez le chant traditionnel des Australes), chaque archipel ayant une tradition et des codes musicaux spécifiques : le Tarava Tahiti pour les iles de la société, le Tarava Raromatai pour les Tuamotus, etc..
Et après les chants.. place au Ori Tahiti qui après toutes ces années nous fait fondre Marianne et moi...
Voici dans la catégorie Hura ava tau (catégorie dite "amateurs" pour les groupes, souvent aux moyens plus limités, qui n'on jamais remporté de premier prix) le groupe Tamarii Hivarani, qui a présenté un spectacle sur le thème de la femme...
Il ya tout un code de compétition et tout est noté, de la musique... aux costumes avec un costume "nature" faite de feuilles par lequel commence le spectacle (si, si ! il y un prix du costume "nature"..)
Puis ensuite viennent les spectaculaires costumes de fête, notés eux aussi, etc...
Sur le thème de la femme qui donne la vie, une maman de la troupe est venue sur scène .. avec son bébé nouveau-né ( il n' y a qu'ici qu'on peut voir ça !) et la troupe a dansé pour lui et sa maman sur le thème de la maternité.. on était.. renversés...
Vient ensuite le moment des deux solos pour le concours de la meilleure danseuse et du meilleur danseur...sous les encouragements de l'entourage !
je vous présente Hitimahana Jubely la soliste du groupe : je vous traduis en tahitien son prénom : ça veut dire...lever de soleil, qu'est ce que vous voulez que je vous dise... ça ne s'invente pas !
Et le soliste masculin du groupe : Mataiarii Opuu (lui, son prénom se traduit par... la pointe de lance du chef !)
Nous, on a adoré le spectacle de Tamarii Hiravani, mais le jury a été moins convaincu puisqu'ils n'ont pas eu de prix...
Vient ensuite en fin de soirée le groupe le plus attendu puisqu'il est lui dans la catégorie Hura tau (catégorie dite "professionnels" , comprenez.... qui ont déja gagné le Heiva auparavant..), j'ai nommé Ori i Tahiti, avec un spectacle sur le thème de la création du monde dans la mythologie polynésienne, rien que ça !
Vous voyez les danseurs assis représentant la terre qui attend sa naissance
Et le ciel décide la naissance de la terre qui se lève vers lui...
Le spectacle était somptueux avec un scène remplie de danseurs virevoltants célébrant l'effervescence et la magie de la création du monde..
On a été éblouis, mais là, le jury a été d'accord puisqu'ils sont eu le deuxième prix dans cette catégorie Hura tau
Il y a des moments où les mots sont maladroits pour décrire la grâce et la sensualité, mais aussi la profondeur du Ori Tahiti...
J'ai gardé pour la fin, les vidéos des solos du groupe si vous avez le goût et le temps... de tenter de comprendre :
"Mais enfin, qu'est qu'ils ont avec ce Heiva ou ils sont allés pour la quatrième fois ?"
Mahiti a gagné le deuxième prix du meilleur danseur, bravo à lui !
Et ensuite.. pour finir en apothéose (au moins de mon point de vue, Marianne ayant préféré Mahiti, bien sur !) la vidéo du solo pour le prix de la meilleure danseuse :
Et là, triomphe... Maheana a remporté le prix de la meilleure danseuse !
C'est avec elle que je vous laisse, comme dernière image de ces retrouvailles émues avec la Polynésie, avant que le tour du monde ne reprenne ses droits (sérieux, il faut partir là ?)
Au fait, je ne vous ai pas traduit son prénom : Maheana, ça veut dire.... le ciel après la pluie.
Et pour conclure, si on me demandait : c'est quoi pour toi la Polynésie dont tu nous rabat les oreilles depuis 15 ans ? des plages idylliques ? des lagons aux eaux couleur turquoise ? une faune sous-marine unique au monde?
Je vous répondrai : pas du tout...
Pour moi, la Polynésie, c'est l'endroit où quand une petite fille vient au monde... on se penche sur son berceau pour lui dire : Tu seras le ciel après la pluie....